Aller au contenu

« J’ai envie d’être optimiste »

  • par

En amont du 8 mars 2025, j’ai été interviewée par Le Dauphiné Libéré sur les enjeux pour les droits des femmes en 2025.

« En ce qui concerne l’égalité femmes-hommes, même si depuis un certain nombre d’années, on relève des petites avancées notamment législatives qui font que les choses évoluent, il y a encore du chemin à parcourir dans la prise de conscience collective pour un changement durable.

Il y a encore besoin de comprendre que l’on est dans un système qui est oppressif pour les femmes et que chacun et chacune d’entre nous, dans nos actes, dans notre façon de fonctionner, dans nos comportements, nos paroles, reproduit des stéréotypes sexistes. Et cette prise de conscience là est la plus longue.

Il y a encore aujourd’hui beaucoup de stéréotypes ancrés. J’ai pu le constater en échangeant avec des lycéennes, qui témoignent des différences de traitement par rapport à leurs frères dans la famille.

En cela, le monde du travail est comparable à la société, les entreprises avancent à petits pas. Certaines avancent sur les questions d’égalité professionnelle, mettent en place des congés menstruels, des mesures liées aux congés parentaux et aux évolutions de carrière, mais ce n’est pas encore systématique. La question de l’égalité salariale est encore un combat. Car même si elle est inscrite dans la loi, les chiffres nous prouvent que des femmes, dans des entreprises, ne sont pas encore aussi bien payées que les hommes. On est encore loin du compte.

Il faut vraiment cette prise de conscience de chacun et chacune. Pour comprendre les stéréotypes, il faut que chacun se les approprie afin de travailler dessus. Tout cela aura un impact sur nos organisations au travail et dans nos vies et nos interactions.

Les jeunes filles ont aujourd’hui accès à l’information, il y a eu la vague #MeToo, on est à l’ère du numérique, il y a les réseaux sociaux, elles sont donc parfaitement au courant et conscientisées.

La question est comment on change les autres pour elles, comment on ouvre le champ des possibles. Car ces stéréotypes perdurent au sein des familles, les femmes assument encore aujourd’hui 80 % des tâches domestiques et familiales. Les lycéennes sont donc parfaitement conscientes de la double ou triple journée que vivent les femmes dans la famille. Et les inégalités professionnelles naissent des inégalités au sein de la famille.

Faut-il être optimiste ? C’est une question compliquée. À la fois, je vois des jeunes femmes et de jeunes hommes engagés, et d’autre part, la recrudescence des idées réactionnaires, conservatrices.

On voit ce qui se passe aux États-Unis, la montée des extrêmes en France et en Europe. On sait très bien que ces idées-là portent atteinte aux droits des femmes, aux droits sexuels et reproductifs.

On l’a vu lors des débats sur l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’Assemblée nationale, les réactionnaires vent debout devant cette mesure qui pourtant est essentielle pour un impact sur la durée.

J’ai pourtant envie d’être optimiste car la jeune génération en a conscience et s’engage. Plus les filles que les garçons d’ailleurs.